Génétique |
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Dr. Per-Erik Sundgren
(Suède), Docteur en agronomie,
a développé sa carrière dans le domaine de
la génétique appliquée à
l'élevage animal. Il a travaillé activement dans son pays depuis 30 ans
avec le Kennel Club Suédois et les éleveurs,
pour les convaincre que tous les problèmes rencontrés chez les chiens
d'élevage sont la conséquence d'un excès de consanguinité. Il a également collaboré avec le Club Suèdois des Westies (Alliansen) pendant plusieurs années. Ces deux associations ont mis en place de nouvelles règles d'élevage sous son impulsion, destinées à restreindre les mariages consanguins et l'utilisation extensive des étalons. Depuis 2005, le Kennel Club Suédois a interdit les mariages entre parents proches, entre les parents et leur progéniture, ou entre frères et soeurs. Ces portées ne peuvent plus être enregistrés par le Kennel Club Suédois. Per-Erik Sundgren conseille également aux éleveurs d'éviter les mariages entre demi-frère et soeur, mais aussi entre enfants et grand-parents ou avec leurs oncles et tantes. Ces règles ont existé dans la plupart des cultures humaines depuis des milliers d'années. Les transgresser produit inévitablement une augmentation des maladies et défauts héréditaires. Le système génétique des chiens fonctionne de la même façon que le nôtre.
(mise à jour: Tristement, Dr Per Erik Sundgren nous a quitté le 1er janvier 2010 et son site n'existe plus) L'article de génétique que vous allez lire ci-dessous a été écrit en juillet 2006 par le Docteur Per-Erik Sundgren. Son but est d'expliquer aux éleveurs les bases de génétique responsables des dégâts que la consanguinité produit dans une population. |
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La protection naturelle par la variation genetique
Introduction En Suède, des programmes visant à la préservation de la santé génétique des races canines ont donné lieu à des débats intenses parallèlement à la mise en place de stratégies génétiques spécifiques à chaque race.
Quelles sont ces barrières protectrices à connaître pour éviter ce genre d’erreurs ?
La Cellule Bien que formant une unité, le corps d’un animal est composé de milliards de cellules. Néanmoins, le lien entre deux générations s’opère par le biais d’une unique cellule, l’œuf fertilisé. Toute personne impliquée dans une activité d’élevage doit donc connaître les protections de cet œuf fertilisé contre les maladies génétiques. Les Gènes – plans des protéines La fonction de base d’un gène est de donner à la cellule les instructions nécessaires à la construction d’une protéine spécifique. Il existe environ 30-40 milliers de paires de gènes et autant de protéines différentes qui peuvent être produites par la cellule. Nous avons tous besoin d’un squelette, de muscles, d’un système nerveux, d’un foie, de reins et de tous les autres organes internes. Nous avons aussi besoin d’un grand nombre d’hormones, d’enzymes et d’autres substances « signal » pour que notre corps fonctionne correctement. Tout serait très simple si notre environnement ne changeait jamais. Il n’y aurait besoin d’aucune modification dans le plan de construction d’une protéine spécifique. Mais les espèces vivantes doivent sans cesse s’adapter à des transformations continuelles de l’environnement et à la menace de prédateurs. Pour pouvoir affronter ces changements, tous les animaux doivent être capables de modifier leurs caractéristiques physiques et mentales. Le système génétique doit donc être suffisamment flexible. Au niveau de la cellule, la menace exercée par des ennemis de toujours est extrêmement variée. Des microorganismes et virus innombrables attaquent nos corps en permanence. Grâce à leur reproduction rapide, ils sont capables de changer leurs stratégies de nombreuses fois tout au long de la vie d’un organisme de la taille d’un mammifère. Pour se défendre soit même contre toutes ces attaques, chaque individu a besoin d’un système de défense aussi unique que possible. Autrement, une attaque victorieuse sur un individu se répandrait rapidement aux autres.
Le Système Génétique est soumis à trois nécessités apparemment incompatibles: 1. Stabilité pour garantir que les organes fonctionnent correctement. 2. Variations (sans excès) à l’échelle d’une population pour garantir l’adaptation aux changements environnementaux. 3. Variations individuelles pour protéger chacun contre les maladies infectieuses. Durant les 3-4 premiers milliards d’années de la Terre, il n’existait pas de formes de vie plus compliquées que celles des organismes unicellulaires. Le moyen de reproduction normal était une division asexuée de la cellule. La molécule d’ADN, qui constitue les gènes, est un composant étonnamment stable, qui par duplication se transmet de façon égale aux deux cellules issues d’une division cellulaire. Après cette division, chacune des deux cellules contient un matériel génétique identique à la cellule d’origine. Dans ce cas, il ne peut y avoir d’adaptation aux changements environnementaux. Tout changement dans la molécule d’ADN, ou dans un seul gène, risque de causer la mort de la cellule si une protéine vitale ne peut plus être produite. Un seul exemplaire des molécules d’ADN ou de gènes présente donc de sérieux désavantages à la fois pour l’individu et pour l’adaptation à long terme des espèces. Seuls des organismes très simples peuvent survivre à ce manque de variation génétique.
Le Genre et la duplication du génome Après quelques milliards d’années, la Nature a trouvé une solution au système vulnérable de la simple division cellulaire. Les cellules contenant chacune un exemplaire des gènes identique à celui des autres cellules ont fusionné deux par deux, créant un nouveau type de cellule, avec un nouveau type de génome comportant deux copies pour chaque gène. De cette façon, quelque soit le dommage survenu à l’une des copies, reste une copie intacte du gène pour la production d’une protéine spécifique. Les cellules de ce type sont beaucoup moins affectées par les modifications concernant des gènes isolés. Il restera une copie du gène qui garantira la stabilité de la protéine correcte en quantité suffisante. Les cellules au génome double ne peuvent plus se multiplier par division simple. Elles doivent passer par deux étapes cellulaires. Elles doivent revenir à un état de deux cellules à simple génome, les deux copies de chaque gène se séparant alors pour se répartir dans deux cellules séparées. Puis deux de ces cellules vont fusionner pour former une nouvelle cellule portant à nouveau un génome avec deux copies de chaque gène. La solution de la Nature fut de créer deux sexes, chacun ayant des organes reproducteurs spécialisés, les ovaires et les testicules, dans lesquels se produit la réduction du génome de moitié au moment de la formation des ovules et des spermatozoïdes. L’avantage principal des deux sexes est la cellule à deux copies du génome qui évite les résultats désastreux des dommages occasionnés à un gène. Un système à deux sexes a un autre avantage important. Au stade des cellules germinales, ovules et spermatozoïdes, les molécules d’ADN, qui forment de longs brins, s’enroulent les uns autour des autres. Comme chacun sait il peut être compliqué de séparer des brins emmêlés. Il en est ainsi dans la cellule, où il arrive que les paires de chromosomes se cassent et s’échangent des morceaux les uns avec les autres. Cela s’appelle le « crossing over ». Grâce au crossing over, des nouvelles combinaisons de gènes sont formées à chaque génération, dans tous les individus, et chez toutes les espèces sexuées. La reproduction sexuée assure à la fois la protection contre les dommages aux gènes, et la création d’une source de nouvelles variations génétiques facilitant la nécessaire adaptation aux changements des conditions environnementales. La plupart des modifications des chromosomes sont dangereuses, mais pas toutes. Si une mutation (modification brutale d’un gène) produit seulement un changement mineur dans la composition d’une protéine, la nouvelle protéine peut rester efficace malgré ce changement. Dans de rares cas, la nouvelle protéine peut apporter un avantage à l’individu. Ce type de bénéfice apparaît rarement d’emblée, mais peut être le résultat de crossing over ultérieurs et de réarrangements des gènes le long des chromosomes. Lorsque ces gènes mutés apportent une vitalité accrue aux animaux, les porteurs produiront plus de descendants en moyenne, et le gène favorable sera ainsi incorporé au pool génétique de la race ou de l’espèce. Dans le cas opposé, quand les changements génétiques sont défavorables, le gène muté sera rapidement éradiqué du pool génétique par la sélection naturelle. La principale force de sélection est encore une modification de la vitalité qui provoque une diminution des descendants issus des animaux affectés.
Le lien entre le male et la femelle affecte la reproduction masculine L’évolution tout au long de millions d’années a montré que la division des animaux en mâles et femelles est indispensable pour l’apparition d’animaux supérieurement développés. La reproduction sexuée des mammifères induit néanmoins une nouvelle difficulté. La capacité reproductrice des femelles est généralement restreinte, de l’ordre de la dizaine plutôt que de la centaine de petits. Les mâles peuvent se reproduire avec un grand nombre de femelles et avoir beaucoup plus de descendants que celles-ci. Ce type de comportement reproducteur réintroduit le risque que deux gènes de même origine se retrouvent dans les générations ultérieures. Le comportement des mâles risque donc de contrevenir à la force protectrice de la structure génétique double. La sélection naturelle a trouvé à nouveau une
solution en créant des liens plus ou moins forts entre les mâles et les
femelles reproductrices. Peu importe que ces liens se forment pour la
vie ou pour une saison de reproduction. L’effet sera identique. En Suède, un mâle qui reproduit énormément est appelé un “Matador”. Matador était un taureau reproducteur qui fut utilisé intensivement dans le nord du pays. Il était porteur d’un gène provoquant une hypoplasie testiculaire, des testicules trop petits causant une fertilité réduite. En raison de l’utilisation très large de ce taureau, le gène défectueux s’est répandu rapidement à la population locale entière. Il fallu plusieurs dizaines d’années de sélection contre ce gène pour réparer les dommages causés par l’usage trop intensif de ce reproducteur qui au départ était apparu d’une exceptionnelle qualité pour l’élevage.
La carte d’identité MHC (Complexe Majeur d’Histocompatibilité ou Major Histocompatibility Complex) Pour fonctionner en coopération, les milliards de cellules du corps doivent disposer d’un moyen afin que chaque cellule identifie les autres comme appartenant à la même unité. Sinon, il n’y aurait aucun moyen d’identifier les ennemis et de défendre le corps contre l’invasion par d’autres cellules causant des maladies ou des dommages. Donc, chaque cellule du corps a besoin d’une carte d’identité. Le code d’identité de la carte doit varier aussi peu que possible parmi les cellules appartenant au même animal, mais en même temps être aussi unique que possible pour chaque animal. La Nature a résolu le problème en créant un groupe spécial de gènes appelés MHC, pour Complexe Majeur d’Histocompatibilité. Ensemble, les gènes MHC forment une « carte d’identité » unique, portée par toutes les cellules d’un individu, leur permettant de coopérer sans s’attaquer les unes les autres. Les gènes MHC constituent la base de notre système immunitaire et jouent un rôle important dans la reproduction. Les gènes du MHC système créent des protéines spéciales à la surface de chaque cellule. C’est la combinaison particulière de ces protéines qui forme le code d’identité, identique pour toutes les cellules d’un individu. Les cellules sont capables de lire le code d’identité des autres cellules et coopérer sans risque avec celles qui portent le même code. Si des cellules portant un autre code pénètrent dans le corps, elles sont attaquées par des cellules gardiennes appelées cellules T ou cellules tueuses. Les cellules T se déplacent continuellement, cherchent les cellules dont le code d’identité n’est pas correct et les tuent immédiatement. L’association des protéines MHC et des cellules T constitue un des mécanismes de défense majeurs contre l’invasion par des cellules pathogènes. Il est maintenant clair que plus le code d’identité porté par un individu est personnalisé, meilleure est sa protection contre les maladies. Les cellules pathogènes vont toujours essayer de copier le code d’identité pour faire croire aux cellules T quelles appartiennent au corps. Mais si elles gagnaient, la différence entre les codes d’identité des individus les empêcherait de se répandre facilement d’un individu à un autre. Elles seraient démasquées par les cellules T de tout autre individu portant son propre code d’identité personnel. La première conséquence de la consanguinité est de doubler les gènes de même origine. Cela va inévitablement réduire le nombre de gènes codant pour des protéines différentes, et réduire les variations possibles des gènes du système MHC. Avec moins de protéines comme base du code d’identité, celui-ci sera moins personnel et plus facile à copier, tout comme un mot de passe très court dans un ordinateur. C’est ainsi que les individus consanguins sont plus sensibles aux maladies infectieuses.
Les signaux olfactifs génétiques La Nature a créé une protection spéciale contre la réduction dangereuse de la variation génétique du système MHC. La solution est encore lumineuse. Les gènes du système MHC prennent part à la production de substances olfactives appelées phéromones. Les phéromones sont des signaux sexuels importants et ils permettent aux animaux de « sentir » une partie des gènes MHC portés par un partenaire sexuel potentiel. Les expérimentations ont montré que toutes les sortes d’animaux, des insectes aux mammifères, utilisent les phéromones pour éviter un mariage avec un parent proche ayant trop de gènes MHC en commun. Le lien entre les phéromones et les gènes MHC protège la variation génétique du système immunitaire. Ce type de protection sera efficace seulement s’il existe un choix libre du partenaire sexuel, et si le nombre des partenaires possibles est suffisamment large. Si le nombre de partenaires disponible est faible, les femelles peuvent choisir de se reproduire avec un mâle apparenté plutôt que de ne pas se reproduire du tout. Une progéniture moins viable est préférable à aucune progéniture. Il est important d’accepter quand les femelles signalent qu’elles ne veulent pas d’un mâle. Elles savent mieux que l’éleveur si le mâle porte les gènes MHC qui sont favorables pour sa descendance. Les mariages forcés sont un moyen efficace de violer une des plus importantes protections de la variabilité génétique.
Consanguinité et fertilité La plupart des éleveurs sont bien conscients qu’une consanguinité poussée a des effets négatifs sur la vitalité, la santé et la fertilité. Mais quelles sont les causes qui expliquent la grande sensibilité du système immunitaire et de la reproduction, à la consanguinité ? Le foetus doit être protégé contre le rejet Chacun connaît les difficultés rencontrées dans les transplantations pour que le receveur accepte les tissus étrangers. La principale raison du rejet du greffon est que toutes ses cellules portent un autre code d’identité et donc sont attaquées par le système immunitaire du receveur qui craint une invasion par des cellules pathogènes. La transplantation d’un organe est facilitée si le système génétique du donneur est le plus proche possible de celui du receveur. Mais même dans les cas où ces derniers sont apparentés, il est nécessaire d’utiliser des médicaments cytotoxiques pour éviter le rejet du tissu transplanté. Les gènes d’un oeuf fertilisé proviennent de la mère pour 50% et du père pour 50%. Ainsi le système génétique de cet œuf fertilisé dévie largement de celui de la mère. Cela entraîne un risque de rejet par le système immunitaire de défense de la mère, ce qui rendrait toute gestation impossible. Mais la nature a encore trouvé la solution. Un type spécial de protéines est produit chez la mère pendant la gestation, pour protéger le fœtus jusqu’à la naissance. Le rapport du poids du tissu fœtal (incluant le placenta) à celui de la femelle gestante est constant. Un des mécanismes possibles du déclenchement de la mise bas pourrait être lié à la quantité de tissu fœtal qui excède la capacité de protection de la protéine spéciale. La protection du foetus a des effets secondaires négatifs. Après la naissance, la protéine persiste dans le corps de la mère 2-3 jours, déprimant son système immunitaire, ce qui la rend plus sensible aux infections pendant cette période. Il est donc important de maintenir la mère dans un environnement propre et sec à ce moment précis. On pourrait penser qu’un foetus doté d’un système génétique très proche de sa mère, par exemple dans le cas d’un mariage très consanguin, bénéficierait de cette proximité génétique durant la gestation, car la tendance au rejet devrait être moins forte. Mais dans le cas d’une grande ressemblance entre les gènes de la mère et de ses œufs fertilisés, d’autres problèmes se révèlent. Comment l’utérus peut-il identifier les œufs fertilisés comme différents des autres cellules du corps de la mère ? La différence entre les génotypes des œufs fertilisés et de la mère est probablement une des conditions pour la fixation de l’œuf à la paroi de l’utérus et à la formation du placenta. L’excès de similitude génétique entre la mère et sa progéniture entraîne un risque supplémentaire, en diminuant les contractions durant la mise-bas, prolongeant ainsi sa durée. Il y a donc un triple avantage dans la diversité entre les systèmes MHC de la mère et de sa progéniture. Le fœtus aura un meilleur démarrage dans l’utérus, la naissance sera plus courte, et enfin l’originalité du code génétique du nouveau-né lui garantira plus de résistance, notamment aux infections. Le nombre de chiots et la taille de la mère La relation remarquable entre la quantité totale de tissus fœtaux et la taille de la mère influence également la taille des portées. Chez les mammifères, il existe un rapport inversement proportionnel entre la taille de la mère et le nombre de petits par portée. Plus la mère est grande et plus sa portée est petite. Les petits animaux comme les souris ont en général des portées généreuses tandis que les gros animaux comme l’éléphant donnent le jour à un seul petit à la fois. Chez le chien, cette règle assez générale est inversée, tout comme chez la plupart des races de porcs domestiques. Il semble que nos efforts de sélection ont été plus efficaces pour changer la taille des adultes que pour changer la taille des nouveaux nés. [pour les grandes races notamment, la taille du chiot nouveau né n’a pas augmenté en proportion] Pour une même proportion de tissu fœtal comparativement au poids de la femelle, une femelle de grande taille pourra porter plus de petits. Le choix du spermatozoïde par l’ovule Existe t-il un moyen qui permette à l’ovule d’avoir la moindre influence sur la variation génétique du foetus? Quiconque a déjà vu une image de l’ovule juste avant sa fécondation sait qu’il est alors cerné d’une couronne de spermatozoïdes. Les millions de spermatozoïdes produits pour la fécondation d’un unique ou de quelques ovules ne sont pas juste une coïncidence ou un acte de la surabondance de la nature. La grande quantité de spermatozoïdes est une garantie qu’un nombre suffisant d’entre eux atteindra à temps l’ovule pour la fécondation. Le code d’identité cellulaire permettra ensuite à l’ovule de sélectionner le spermatozoïde convenant le mieux à son propre complexe MHS pour produire la progéniture la plus saine possible. Il peut sembler étrange qu’un ovule soit capable de
sélectionner un spermatozoïde et de lui donner l’autorisation de le
féconder. Mais la fécondation n’est pas un processus violent par lequel
le spermatozoïde force le passage dans l’ovule. La paroi de l’ovule doit
laisser le passage pour le contenu du spermatozoïde. L’ovule prend une
part active, et probablement dominante, dans la fécondation. Le grand nombre de spermatozoïdes produits par les
mammifères mâles a la même fonction que le grand nombre de pollens
produits par les plantes. Il permet à l’ovule de sélectionner un
partenaire pour produire une descendance avec la meilleure viabilité. La réduction artificielle du nombre de spermatozoïdes Le grand nombre de spermatozoïdes normalement produits par un mâle a longtemps été considéré comme un simple surplus sans objectif autre que l’efficacité de la fécondation. Le nombre de spermatozoïdes dans un seul éjaculat est suffisant pour féconder plusieurs femelles. Un mâle prédominant en élevage peut donc engendrer plus de descendants que ce qu’il n’aurait jamais produit en milieu naturel. Dans l’insémination artificielle des bovins en semence congelée, l’éjaculat est dilué à 1 pour 100. Une réduction du nombre de spermatozoïdes utilisés pour inséminer n’a pas d’effet dramatique à court terme mais il est évident que les perspectives à long terme risquent d’être négatives pour la variation génétique et donc pour la viabilité des animaux. En reproduction humaine, l’expérimentation est allée beaucoup plus loin. A son début, la fécondation in vitro était une fécondation normale, quoique le nombre de spermatozoïdes fût souvent réduit, comme lors d’insémination. De nos jours la technique de micro-injection est utilisée. Le scientifique ou un médecin examine la semence au microscope et recherche un spermatozoïde sain, avec une bonne mobilité et rapide. Il attrape ce spermatozoïde avec une micro pipette qui est ensuite introduite dans la paroi de l’ovule. Dans ce cas, l’ovule n’a aucune possibilité de sélectionner un spermatozoïde convenant à son propre génotype pour garantir au mieux la viabilité de sa progéniture. Les effets d’une telle violation des mécanismes naturels de sécurité ne sont pas observables à court terme, mais cela ne prouve pas que cette technique ne puisse s’avérer nocive sur le long terme. L’évolution avance par multiples petits pas. Chaque petit pas peut sembler d’importance mineure, mais par addition sur un grand nombre de générations il peut produire de profonds effets sur le développement d’une race ou d’une espèce. Personne ne peut conclure par son expérience sur quelques générations qu’il est sans danger de rompre tous les mécanismes de sécurité conçus dans le système de fécondation pour préserver la variation génétique vitale. Des oeufs en surplus à chaque saillie Parmi les animaux multipares, un autre mécanisme simple contribue à augmenter la viabilité au sein de la portée. Le nombre d’ovules produits par une femelle durant les chaleurs est normalement environ deux fois le nombre de nouveaux nés qui se développent.
La sélection naturelle La sélection naturelle, ou les forces appliqués par la nature pour que les individus soient le mieux adaptés possible à leur environnement, ne maintient pas la variation génétique dans tous les systèmes génétiques. Comme toutes créatures vivantes, nous avons tous besoin de poumons, cœurs, estomacs, squelettes, systèmes nerveux et de cerveaux.
Tous les éleveurs
doivent absolument comprendre que le principe de base de la sélection
naturelle est de stabiliser le système génétique pour qu’il soit
efficace dans les circonstances environnementales normales.
Pour cette raison, la nature favorisera toujours les espèces qui ont le pouvoir de préserver à la fois la variation génétique nécessaire à l’adaptation et la stabilité génétique qui assure la formation des organes vitaux du corps. Normalement, il y a une variation génétique dans les systèmes responsables de la taille, la forme, la couleur, la longueur et la texture du pelage etc. Ce sont des exemples de caractères qui peuvent nécessiter des modifications assez rapides si les conditions environnementales changent brutalement. Les autres systèmes génétiques, ceux responsables de la reproduction par exemple, pourraient être plus stables. La quantité de nourriture disponible peut varier d’une année sur l’autre et il ne serait pas avantageux si cela produisait un effet immédiat en réduisant la capacité de reproduction. Chez les animaux sauvages, la force de sélection sera dirigée dans les circonstances normales vers le centre de la population, favorisant la moyenne de la population. Si par exemple la température diminue très fortement, comme c’est arrivé il y a 65 millions d’années, les animaux possédant une longue fourrure protectrice pourraient avoir un avantage sélectif et former le nouveau centre d’une population. Si le changement est assez important, une nouvelle espèce est créée.
Dans la Nature, une
sélection stabilisante, adaptée à de petits et lents changements est la
norme. Les changements rapides dans l’environnement sont rares mais en
général ils causent l’extinction rapide d’une grande partie des espèces
vivantes.
La sélection artificielle La sélection artificielle est la sélection des animaux par l’homme. Dans l’élevage des animaux de ferme, il y a une sélection constante pour une croissance plus rapide, plus de lait ou d’œuf ou pour des animaux plus musclés produisant plus de viande. Les individus les plus extrêmes sont ceux qui gagnent la compétition car ils sont capables de répondre aux exigences des changements rapides imposés. Elever des animaux de compagnie devrait être
possible sans cette ambition de changer les animaux rapidement. Pour la
plupart des animaux de compagnie, l’élevage est gouverné par des
compétitions de beauté ou d’autres concours comme des épreuves de chasse
ou des épreuves de travail pour les chiens. Dans un concours, il n’y a
aucun moyen de récompenser l’individu situé dans la moyenne. Dans un
concours, seuls les individus extrêmes sont les vainqueurs. D’une façon générale, la sélection artificielle
appliquée à nos animaux, y compris nos animaux de compagnie, correspond
au type de sélection naturelle qui intervient lors de catastrophe
environnementale. Si nous voulons sérieusement élever des animaux de compagnie sains, nous devons apprendre tous les moyens que la nature emploie pour préserver la vitalité dans les animaux sauvages. Nous devons abandonner les pratiques d’élevage qui violent invariablement tous les mécanismes de sécurités inventés par la Nature. Si nous ne faisons pas un effort pour apprendre comment ces systèmes de sécurité sont construits, et comment les utiliser en faveur de nos animaux tant aimés, aussi bien les races de rente que les races de compagnie risquent un avenir morose.
Résumé et conséquences pratiques A ce stade, il devrait être évident que la principale cause des maladies génétiques et héréditaires chez les animaux n’est pas due à quelque coïncidence malheureuse. Elle est la directe et inévitable conséquence d’un manque de prise en compte par les éleveurs de quelques règles de base de la Nature, et de leurs choix de reproducteurs.
Ceux qui cherchent un programme d’élevage novateur pour corriger tous les problèmes génétiques que l’on voit aujourd’hui regardent dans la mauvaise direction. Ils devraient essayer de comprendre exactement les erreurs du passé et commencer à apprendre de la Nature comment les animaux peuvent maintenir leur viabilité au cours des millénaires sans aucun savoir théorique.
L’application de ces trois règles de base de la Nature conservera toute population animale saine sur de longue période. La seule cause des désordres génétiques dans nos races de chiens vient de notre négligence à considérer les mécanismes destinés à protéger la variation génétique créés par la sélection naturelle durant des milliards d’années. Sprötslinge, July 2006 (traduit de l’anglais par Dr vet P.Picquot) Per-Erik Sundgren Dr. Agric. |
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